Historique

Deux thèses s'affrontent en ce qui concerne l'étymologie de Soings.La première l'attribue à un dérivé des radicaux gaulois "so-am" ou "so-an", signifiant: sur le bord du lac. L'autre soutient que Soings serait une ville de marché ou "Sogiamagos", provenant de "magos", marché, mais ne donnant aucune explication sur "sogia".
Quoiqu'il en soit Soings peut s'enorgueillir d'une certaine antiquité. Tous les historiens sont d'accord pour dire qu'il y avait là une des plus importantes villes gallo-romaines de Sologne. Elle fut occupée par une colonie romaine ou par une garnison romaine. Il semble aussi qu'il y ait eu là un collège de druides gaulois. Cette existance s'appuie sur le fameux lac de Soings qui aurait été un lac sacré, vénéré pendant des centaines d'années par nos ancêtres.
Preuve aussi de l'ancienneté indiscutable du lieu, le "cimetière romain", à la sortie du bourg entre la route de Gy et le chemin rural du Grand Orme, où l'on a découvert des urnes funéraires de tout format, des lacrymatoires, des vases de terre cuite qui contenaient des ossements humains et autres accessoires de cérémonies funèbres, ainsi que des médailles remontant aux empereurs romains (certains de ces objets sont exposés à la mairie). Le résultat des fouilles prouverait que dans les premières années de l'ère chrétienne, soit on enterrait les morts, soit on pratiquait la crémation.
Vestiges antiques: tumulus constitué de deux tumulus au lieu-dit "Les Montanjons" (anciennement "monts aujoncs", monts aux ajoncs). Les traces d'un fort en bois ont été retrouvées au-dessus des tumulus lors de travaux de terrassement il y a une quarantaine d'années. Un deuxième tumulus sur le tracé de la route menant à Contres qui a été démoli en grande partie lors de la construction de cette voie. Une occupation gauloise et gallo-romaine y est attestée. Il comprenait une nécropole gallo-romaine importante dans laquelle ont été retrouvées des sépultures avec un riche mobilier. Il existe une ancienne voie romaine à proximité.

Ensuite, Soings est redevenu un village solognot comme les autres, dépendant du comte de Selles, suivant les aléas de l'histoire de la sologne, et la vie évoluera peu. Ce ne sera qu'au cours du XIXème siècle que de profondes modifications interviendront.
Au début du siècle, la vie est rude, les gens se déplacent peu, ils survivent plûtot qu'ils ne vivent. Puis apparaîtront les routes, le chemin de fer, grâce à la gare de Fontaines, l'assainissement avec l'aménagement des fossés et des étangs, et enfin les grands progrès de la technique vont sensiblement améliorer le sort des habitants de Soings.
Certainement édifiée sur une beaucoup plus ancienne, l'église de Soings est recontruite au XIème siècle. Elle est dédiée à Saint-Jean-Baptiste. Le choix de ce saint est peut-être à mettre en relation avec le lac sacré, lieu de culte sous l'antiquité. Le lien commun entre ces deux cultes étant l'eau, instrument de purification.
En 1121, l'église de Soings devient la propriété de l'abbaye de Pontlevoy. C'est à partir de cette date, et jusqu'à la Révolution, que le curé du village sera nommé par l'abbé de Pontlevoy.
Après les dégâts de la guerre de Cent Ans, et le manque d'entretien, le choeur sera reconstruit vers la fin du XVème siècle, la nef et le clocher seront restaurés au XVIème siècle.
LE LAC DE SOINGS
Le lac de Soings est une curiosité géologique bien connue des Solognots. Il compte en effet parmi les phénomènes les plus curieux de la région.
Situé à l'ouest du bourg, en bordure de la route de Sassay et dominée par celle de Contres et la butte du Chatelier (ancien poste de surveillance romain), il se présente sous la forme d'une cuvette naturelle longue d'environ un kilomètre, large de cinq cents mètres et d'une superficie variant de 60 à 100 hectares selon la hauteur des eaux. La profondeur, en eau pleine, est d'environ 5 mètres au centre.
Le lac se trouve exactement au point de rencontre de l'ancienne mer des faluns, qui s'est retirée à la fin de l'époque miocène de l'ère tertiaire, avec les sables de Sologne. Ses abords permettent d'ailleurs de découvrir des coquillages, dont la provenance maritime ne fait aucun doute.
Le caractère sacré de ce lac est irréfutable, la présence du cimetière gallo-romain en atteste. Les premiers habitants de ses rives virent certainement un motif d'ordre religieux dans le comportement de ses eaux.
En effet, les variations du niveau du lac de Soings sont difficiles à expliquer. Il ne semble pas, après étude, qu'il y ait de corrélations entre le régime des pluies et le niveau du lac.
Ces caractéristiques mystérieuses ont bien évidemment excité l'imagination des Solognots. La tradition populaire attribue aux fées la naissance du lac de Soings et affirme que des trésors sont cachés ici. On raconte que pendant la nuit de Noël, juste au moment de l'élévation, ces trésors cachés deviennent visibles. D'ailleurs, une jeune fille se rendant un peu tard à la messe de minuit aperçut, en descendant la tranchée du lac, un trésor ouvert. Elle courut chercher une de ses compagnes pour l'aider a l'emporter. Mais lorsqu'elle revinrent, l'instant favorable était passé et il ne restait plus qu'une flamme vacillante à la place où ...

Pecheurs sur le Lac.png

De tous temps le lac fut pêché, au Moyen-Age, le produit des pêches était soigneusement comptabilisé par les comtes de Blois. Les carpes de Soings étaient renommées, sans doute à cause du fond sablonneux du lac, et agrémentaien les tables des "grands". Le seigneur de Selles, Philippe de Béthune, en offrit à son frère Sully, qui à son tour, en fit goûter au bon roi Henri. Louis XIV, lui-même ne se lassait pas de déguster les succulantes carpes lors de ses séjours à Chambord. Enfin, sous le Premier Empire, le souverain d'Espagne, Fernand VII, profita de son séjour forcé au château de Valencay, pour se régaler des carpes du lac de Soings.